En 2019, l’antenne Provence-Alpes-Côte d’Azur de Comme Les Autres initie un partenariat avec le Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation (SPIP) des Baumettes, à Marseille. Partant de l’intuition que les deux publics accompagnés ont en commun une rupture de vie et la nécessité de retrouver une place dans la société, nous avons souhaité faciliter leur rencontre en organisant des sorties sportives et culturelles communes.
“Comment tu vas faire à la sortie de prison ? demande Julien, en fauteuil suite à un accident de moto. Pour moi, ça n’a pas été évident la sortie du centre de rééducation, surtout que je ne pouvais pas cacher ce qui m’était arrivé !”
Au cours de discussions informelles, les détenus approchant de la sortie accompagnés par le SPIP et les bénéficiaires de Comme Les Autres se trouvent de nombreux points communs qu’ils ne soupçonnaient pas.
Ce jour-là, pour leur première sortie commune, nous nous rendons au centre de parapente de Cuges-les-Pins. Les discussions qui se tiennent tout au long de la journée leur permettent de revoir complètement les idées qu’ils se faisaient les uns des autres. Les personnes accompagnées par CLA sont souvent surprises de découvrir à quel point les détenus sont accueillants et aimables. Quant aux jeunes du SPIP, leur attitude change complètement : en moins d’une journée, ils quittent une posture volontariste et un peu charitable qui, bien que témoignant d’une bonne intention, met les jeunes de CLA dans une position d’assistanat. Et c’est précisément le changement de relation que nous souhaitons encourager à travers nos différents dispositifs d’accompagnement. Nous croyons que l’autonomie des personnes en situation de handicap passe aussi par un travail sur le regard que l’entourage porte sur eux.
La mayonnaise prend d’autant plus que ces publics sont confrontés à des défis qui se ressemblent. Ils ont vécu une rupture de vie, sont stigmatisés et ont pu perdre confiance en eux. Au fil des conversations, se dessinent des solutions pour mieux rebondir, et ils imaginent ensemble ce à quoi pourra ressembler leur nouvelle vie normale. En outre, ces rencontres leur procurent un sentiment d’utilité sociale. Les détenus apprennent à aider les personnes en situation de handicap de manière adaptée et ces derniers prennent conscience que ces sorties et les échanges contribuent à la préparation du retour en société des détenus.
Depuis le lancement du partenariat cinq sorties communes ont eu lieu, rassemblant à chaque fois cinq détenus et cinq handicapés : une sortie karting, une journée parapente, une après-midi au simulateur de chute libre de Tallard, une initiation au graffiti dans la cour de la prison des Baumettes, et la participation commune à la course de l’Algernon, une course en mixité handi-valides.
Pour 2020, ce sont déjà six activités qui sont programmées dont une sortie canoë, une sortie parapente et une initiation au théâtre d’improvisation. Pour garantir la qualité des relations tissées pendant les activités, nous intervenons régulièrement à la Prison des Baumettes pour des ateliers de sensibilisation. Ceux-ci se tiennent en amont de la rencontre. Ils visent à faire réfléchir les deux publics sur leurs a prioris et à les préparer à la rencontre. Pour les détenus, il s’agit également de leur donner de premiers outils et des conseils de sorte que leur attitude vis-à-vis des personnes handicapées soit la plus juste possible.
Nous lançons la deuxième phase de ce partenariat en étant plus que jamais convaincus que le soutien du collectif et le partage d’expériences sont des ingrédients clés de la reconstruction après une rupture de vie, quelle qu'en soit la cause.
Le témoignage de Olivier, 51 ans au moment de l’entretien, initialement publié dans le livret « Rebondir » paru en 2016, initié par l’association Comme Les Autres et réalisé par l’agence Voix Publique avec le soutien du groupe AGRICA.
Pour cette nouvelle série de témoignage, nous avons demandé à des parents en situation de handicap de nous raconter leurs histoires afin de lever les aprioris sur le fait de fonder une famille lorsque l'on est en fauteuil.
Le parcours de Céline : partie en séjour en septembre 2019, elle a fait depuis bien du chemin et s'est reconstruit notamment en s'appuyant sur la pratique du sport mais aussi grâce à des rencontres qui l'ont aidé à bien vivre son handicap.