J’ai toujours été passionné de sport. Notamment de rugby, que je pratiquais à un assez bon niveau.
Le dimanche matin du 10 avril 2011, comme tous les dimanches matin, on est partis faire du VTT dans le bois de Clamart avec l’équipe. « Olivier, fais attention il y a une ornière ! », m’a crié mon ami juste derrière moi. Mais mon pneu avant s’est quand même planté dedans. J’ai fait un soleil et je suis tombé.
Après une demi-seconde de voile noir, j’ai dit à mes copains : « Ne me touchez pas, je suis bon pour le fauteuil roulant. »
Je l’ai su tout de suite. Parce que mon cerveau m’indiquait que mes jambes étaient dans le prolongement de mon corps, alors que je les voyais à 90 degrés. Forcément, il y avait un gros problème.
Je suis arrivé à l’hôpital Georges Pompidou en début d’après-midi, et j’ai été opéré toute la nuit. Ma moelle épinière était touchée au niveau des dorsales 4 et 5.Il fallait la décompresser pour que la paralysie ne s’aggrave pas.
Après l’opération, il y a eu un trou noir. Je n’ai aucun souvenir des premiers jours qui ont suivi.
Puis est arrivée la souffrance. Physique. J’avais un corset, je ne pouvais plus bouger du tout. Impossible de trouver une bonne position, ni pour manger, ni pour dormir... Cette période n’a pas été marrante.
J’ai fait le deuil de mes jambes durant cette période. Un après-midi, j’étais tout seul dans ma chambre et je me suis dit : « Allez p’tit gars, il va falloir vivre sans tes guiboles. C’est comme ça. »
Mais je pensais encore que j’allais rentrer chez moi, c’était seulement quinze jours après mon accident.
Et puis je suis allé en centre de rééducation à Garches. J’ai pris une claque en y arrivant, parce que je découvrais le monde du handicap, monde que je ne connaissais pas du tout.
J’ai eu la chance d’être très bien entouré et accompagné. Ma femme et mes enfants venaient me voir régulièrement, certains collègues aussi. Et le personnel du centre était super. Je me suis donné à fond pour ma rééducation. Je connaissais l’endurance, la volonté et la douleur du sport, au niveau physique et psychique, et ça m’a beaucoup aidé. Je m’astreignais à un emploi du temps strict : kiné le matin, sport l’après-midi. Au bout de trois mois environ, j’étais déjà opérationnel pour la vie en fauteuil.
Mais ma maison n’était pas adaptée pour me permettre d’y vivre en fauteuil. Il fallait faire d’importants travaux : plus de 90 000 € ! Ce qui nécessitait du temps pour les faire, mais aussi de sortir l’argent nécessaire. Donc ça a pris un petit moment. Je suis ainsi resté un an à Garches.
En rentrant chez moi, j’ai eu la chance de retrouver mon environnement : ma femme, mes enfants, notre maison. Mais j’ai quand même pris une deuxième claque, parce que je me suis rendu compte qu’en dehors de ma maison, rien n’était adapté pour les personnes en fauteuil. Et puis je rentrais après un an d’absence. Ma femme et mes trois fils avaient vécu sans moi pendant cette période. Ce n’était pas évident, il fallait renouer nos liens, tout était différent.
Cette reconstruction a duré deux ans. Deux ans pendant lesquels je suis resté à la maison, à me rétablir physiquement et psychologiquement. Et à retisser mes relations familiales. C’était une période difficile, mais je me suis battu. J’avais envie d’avancer. Au fur et à mesure, je suis redevenu un mari et un papa. J’ai aussi pu reprendre mon travail dans une mutuelle agricole, et mon activité associative au sein de l’école de Clamart.
J’ai replongé dans la vie, et aujourd’hui j’ai pleinement retrouvé ma famille, ma maison, mon travail, mes hobbies.
J’ai beaucoup de chance ! Le handicap commence à prendre moins de place dans ma tête. Je sors librement, je n’angoisse plus en me demandant si je vais réussir à me garer, si l’endroit où je vais sera adapté... Et puis je ne me considère pas comme un handicapé. Je suis un gars qui ne peut juste plus marcher. Il faut l’accepter. Pour moi, mais aussi pour ma famille. Cet accident a été un écart dans ma vie, maintenant je vais de l’avant ! Parce que j’en ai envie, parce que je m’estime chanceux, je suis encore en vie et je compte bien en profiter.
Le parcours de Céline : partie en séjour en septembre 2019, elle a fait depuis bien du chemin et s'est reconstruit notamment en s'appuyant sur la pratique du sport mais aussi grâce à des rencontres qui l'ont aidé à bien vivre son handicap.
En France, fin juin 2021, 8,3% des demandeurs d’emploi sont des personnes en situation de handicap. Avec un taux de chômage deux fois supérieur à celui des valides, ces personnes présentent des difficultés particulières d’insertion (âge élevé, chômage de longue durée, discrimination, etc.). Il nous semblait évident de participer activement à l'employabilité de nos bénéficiaires.
Découvrez la première excursion en pleine montagne organisée par CLA en mixité handi-valides !