Lorsque survient une blessure quand on est handicapé·e moteur, c’est bien souvent l’autonomie globale de la personne qui en pâtit et donc la qualité de vie. Céline nous raconte.
💬 Michaël Jérémiasz :
« Quand on est paraplégique ou tétraplégique, on est un jour ou l’autre malheureusement confronté·e à une pathologie liée à son propre handicap.
Le jour où la blessure arrive, ça vous paralyse complètement. Et il n’y a rien de plus dur quand vous avez commencé à développer une vie sociale et professionnelle épanouie que de devoir tout arrêter parce que vous avez une escarre, une tendinite…
La prévention et la pratique du sport sont donc vitales pour garantir une bonne qualité de vie et être heureux. »
La blessure a un impact direct sur l'autonomie au quotidien. Dans la plupart des cas, on redevient dépendant d’une aide humaine pour se déplacer, faire ses transferts ou ses soins.
On est également moins mobile, ce qui a un effet direct sur le lien social. Se blesser revient souvent à être isolé·e du monde extérieur et des activités sportives, sociales et professionnelles. Enfin, la blessure s’accompagne souvent de nouvelles douleurs qui entrainent de la fatigue et jouent sur la santé mentale.
La blessure, Céline la côtoie depuis septembre 2023. Nous l’avons interrogée pour comprendre ce qu’il s’est passé et quels ont été les impacts sur elle, sur sa vie et ses projets.
Je me suis blessée en septembre 2023 en essayant de ramasser quelque chose au sol. Sur le coup j’ai entendu un craquement mais je n’ai pas eu mal. Ce n’est qu’un mois plus tard que j’ai commencé à avoir des douleurs. J’ai donc fait un scanner qui a révélé que l’une des broches de mon arthrodèse [le fait de « souder » entre elles plusieurs vertèbres, grâce à du matériel métallique] était cassée au niveau de la vertèbre L2.
Quand j’ai appris la nouvelle, j’avais toujours pour objectif de pratiquer du sport à haut niveau. J’avais des stages tous les mois, je m’entrainais 5 à 6 fois par semaine et soudainement tout s’est arrêté.
Au départ, mon médecin traitant m’a conseillé d’arrêter le sport avant de voir un spécialiste. J’avais vraiment mal et de nouvelles douleurs au niveau de la jambe sont apparues.
Autour de moi je ne connaissais personne qui avait une arthrodèse cassée donc ce n’était pas facile pour moi de me projeter.
J’ai mis 4 mois à avoir un rendez-vous avec un chirurgien orthopédiste. Il m’a tout de suite rassurée en me disant qu’on pouvait vivre avec une arthrodèse cassée et qu’il était important que je me remette au sport.
J’ai donc repris une activité physique depuis janvier 2024 : je fais des séances de kiné et de la natation. Je n’ai malheureusement pas pu reprendre les entraînements de kayak. Les transferts au sol me causaient trop de douleurs.
Je suis aujourd’hui encore très douloureuse. J’ai récemment demandé à revoir mon chirurgien pour savoir si une opération était envisageable. Il m’a proposé une opération pour fixer une cale entre mes deux vertèbres. Ça me rassure un peu car cela me redonne espoir de pouvoir pratiquer à nouveau du kayak.
Le fait d’arrêter totalement les entrainements m’a fait perdre du muscle et prendre du poids. Donc au quotidien je suis plus sédentaire, davantage statique. Je fais moins de transferts et je constate que j’ai moins d’équilibre assis. Ça a des conséquences directes sur mon quotidien.
Heureusement que j’avais mon mémoire et mon Master 2 sur cette période car si je m’étais retrouvée sans rien ça aurait été difficile.
Le sport aide à se détendre, à relativiser, à respirer, à se recentrer sur soi, à ne penser à rien d’autre que le plaisir de glisser sur l’eau. Depuis ma blessure je n’ai presque plus de lien social avec mes coéquipiers au club. J’allais parfois sur les compétitions pour continuer de les voir.
J’avais un objectif clair il y a 3 ans quand j’ai commencé les détections La Relève : je devais participer à des championnats internationaux. Et cette année je ne suis même pas allée aux championnats de France et je n’ai aucun entrainement depuis septembre 2023.
J’espère pouvoir reprendre le plus vite possible car j’ai besoin de partager ces moments-là avec mes coéquipiers.
Depuis que je sais que je peux continuer le sport, j’ai tout de suite pris rendez-vous avec mon kiné. Je fais plusieurs séances par semaine pour conserver au mieux mon autonomie. Si je ne fais pas ça, j’ai des raideurs qui apparaissent. Et j’ai pris le temps d’aller à la piscine aussi. Ça me permet de bouger tout en évitant les douleurs.
Au début de ma paraplégie, je ne me déplaçais qu’en fauteuil. Je n’avais pas d’assistance électrique ni de voiture. J’allais faire mes courses en fauteuil avec un gros sac à dos. Mais cela m’a causé des tendinites à l’épaule. Et puis je ne savais pas comment « bien rouler » en fauteuil, comment avoir le bon geste pour m’économiser.
Ce sont des échanges avec des pairs qui m’ont permis de prendre conscience qu’il fallait que je fasse davantage attention pour me préserver sur le moyen/long terme. Nos épaules et nos bras sont super importants, il faut en prendre soin.
Quand on a une tendinite, on ne peut plus faire ses transferts donc on perd toute autonomie. A la suite de cette blessure j’ai investi dans une voiture.
Mais ce qui a surtout fait la différence c’est le projet paracanoë. Depuis que j’en fais j’ai eu très peu de blessure. En pratiquant du sport au quotidien, on se renforce, on prend du muscle au niveau du haut du corps et du coup on prévient efficacement les blessures.
Je pars voir les athlètes français aux Jeux Olympiques, je suis très contente. Je vais également être bénévole aux Jeux Paralympiques pour le paracanoë. J’ai trop hâte d’être à Vaires-sur-Marne début septembre !
Cet été je vais aussi finir d’écrire mon mémoire pour valider mon Master 2. Et il y a l’opération qui va arriver et me permettre d’envisager de reprendre le kayak. Il y a un stage en octobre 2024, je compte bien y aller ☺️
Merci de nous avoir suivi sur ce projet, ça fait du bien de se sentir soutenue. Et bien sûr, prenez-soin de vous !
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