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Eclairages

Pourquoi a-t-on besoin d’une association telle que Comme les Autres en France aujourd’hui ?

Comme aime le rappeler notre président Michaël Jérémiasz, les personnes en situation de handicap sont la minorité la plus discriminée de France alors même qu’elles doivent faire preuve, notamment en début de parcours et quand elles ont connu un accident, d’une détermination à toute épreuve pour se reconstruire. Tout le monde ne part pas avec les mêmes chances de rebond et c’est pour cela que Comme les Autres existe : pour accompagner chaque nouvelle personne devenue handicapée après un accident qui en a besoin dans son parcours de reconstruction.

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En France, ce sont environ 2000 personnes* qui deviennent handicapées moteur chaque année suite à une blessure à la moelle épinière (paraplégie et tétraplégie). A noter que nous accompagnons également les personnes amputées suite à un accident.

Le profil des accidentés

Ce sont souvent des jeunes hommes, généralement fragilisés socialement, psychologiquement et financièrement avant même l’accident.** 

Plusieurs facteurs viennent l’expliquer :

  • accidents de la route : propension à la prise de risque et vétusté des véhicules
  • accidents sportifs ou liés à la pratique de loisirs : encore une fois, la propension à la prise de risque encouragée par une culture viriliste
  • accidents de travail : les ouvriers sont surreprésentés en raison des risques inhérents à leur métier lorsqu’ils sont par exemple couvreurs, ramoneurs, chauffagistes, ou qu’ils travaillent sur un chantier. 
  • bien que minoritaires, il existe une autre catégorie de blessés médullaires que sont les blessés par balle : les hommes jeunes issus de classe populaire sont aussi alors les plus représentés.

Pour tout le monde, devenir handicapé constitue une rupture radicale dans un parcours de vie. C’est l’identité même de la personne qui est questionnée et qui doit être redéfinie.

Le retour à la vie "normale"

Une prise en charge classique consiste à ce qu’après l’accident, les personnes soient hospitalisées pendant une période d’environ 1 mois suite à quoi elles intègrent un centre de rééducation et de réadaptation. Elles y restent en moyenne 9 mois, le temps de récupérer une autonomie suffisante. Après avoir été très entourées pendant près d’un an, elles réintègrent alors leur vie d’avant l’accident. C’est une période charnière, certains parlent d’une deuxième naissance, où il s’agit de tout reconstruire avec la nouvelle contrainte (paraplégie, tétraplégie ou amputation). Logement, mobilité, vie professionnelle, vie sociale, vie intime, etc. la vie est impactée dans sa globalité. Aujourd’hui, en sortie de centre de rééducation et de réadaptation, il n’existe pas d’offre d’accompagnement spécifique pour ces personnes dont le quotidien et les repères fondamentaux ont été profondément bouleversés.

Reconstruction et situation familiale, économique et sociale

Le handicap atteint chacun dans sa globalité, néanmoins les perspectives de reconstruction favorable ne peuvent être décorrélées de la situation familiale, affective de la personne et de son profil sociologique.

Toutes les personnes devenues handicapées qui ont dépassé leur handicap s’accordent pour dire que leur entourage a joué un rôle déterminant. Le fait de pouvoir trouver un soutien inconditionnel et joyeux auprès des proches favorise un rebond rapide. Des personnes déjà isolées avant l’accident vont vivre l’isolement provoqué par l’accident de manière dramatique.

Le niveau d’étude a également un impact : tout d’abord et assez pratiquement, cela va jouer sur la capacité de la personne handicapée à faire valoir ses droits. Par la suite, c’est leur capacité à se projeter dans la vie et à reprendre un emploi qui est fragilisé lorsque celles-ci ne sont peu ou pas diplômées. En effet, les métiers exigeant peu de qualifications sont souvent des métiers physiques devenus inaccessibles aux personnes à mobilité réduite.

Pour les personnes dont la situation économique était déjà fragile avant l’accident, celui-ci peut être un accélérateur de pauvreté. De façon certaine, le manque de ressource financière va venir entraver d’une part, l’autonomie et la mobilité et d’autre part, le confort de vie qui s’apparente ici à de la dignité.

En effet, le matériel spécialisé et adapté (fauteuil roulant léger et maniable, fauteuil de douche, voiture adaptée) coûte très cher. Il en va de même pour le logement : quand elle n’est pas impossible, l’adaptation du logement est toujours très coûteuse et les logements adaptés disponibles à la location sont rares. C’est encore plus vrai dans les zones rurales.

“J’habite une commune qui est très mal desservie par les transports en commun et je n’ai, à ce jour, pas les moyens d’acheter une voiture adaptée. Résultat : je ne sors de chez moi que pour des courses de nécessité car il y n’y a aucune infrastructure adaptée à proximité de mon domicile.” Une bénéficiaire de la Région Rhône-Alpes.

L’addition des contraintes entraîne bien souvent un isolement psychique et les rend extrêmement fragiles.

L'accompagnement par Comme les Autres

Comme les Autres accompagne des personnes en situation de handicap issus de tous milieux sociaux. L’accompagnement social individuel s’adapte aux problématiques de la personne : selon son autonomie, ses besoins, le soutien dont elle bénéficie de son entourage, etc. les entretiens seront plus ou moins rapprochés. Les personnes les plus fragiles bénéficient généralement d’un accompagnement un peu plus long que la moyenne : certains freins peuvent mettre de nombreux mois à être levés. Il s’agit de leur permettre de retrouver un niveau d’énergie suffisant pour se projeter dans le futur et envisager de nouvelles activités.

En complément de ce suivi individuel, tous les bénéficiaires sont conviés à des activités collectives de proximité. Elles favorisent le lien social, la reprise de confiance en soi et permettent aux travailleurs sociaux de suivre l’évolution des bénéficiaires en situation. 

Enfin, le travailleur social peut aussi choisir de faire partir le bénéficiaire en séjour-aventure sportif. Aujourd’hui ce n’est plus la porte d’entrée dans l’association, il est déclenché quand cela semble opportun au travailleur social chargé du suivi. Le séjour, c’est notre outil booster en quelque sorte, qui va provoquer beaucoup d’effets à court terme et qui peut être le tremplin d’une remobilisation si tant est que l’énergie dégagée par le séjour soit entretenue par un suivi avec des objectifs et des activités collectives régulières.

Comme le rappelle, Jonathan Jérémiasz, cofondateur de l’association, nous travaillons chaque jour pour qu’à terme, chaque nouvelle personne devenue handicapée après un accident puisse avoir la chance de rebondir en bénéficiant d’un accompagnement à la fois énergique et bienveillant. Celui-ci étant d’autant plus indispensable pour les personnes en situation de fragilité avant même l’accident.

*Source : Caisse Nationale d’Assurance Maladie, 2016

**Source : Thèse SCDMED, 2010, Hélène GUESDON

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